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SAMAYA x Symon Welfringer

Au sommet des Grandes Jorasses avec Charles Dubouloz et Clovis Paulin

 

 
Symon Welfringer, Charles Dubouloz et Clovis Paulin ont marqué l’histoire de l’escalade en réalisant l’ascension des Grandes Jorasses en hivernale, par la célèbre Directissime de la Walker, ouverte à l’été 1986 par Patrick Gabarrou et Hervé Bouvard. Symon revient sur cette ascension et nous livre ses motivations et ses doutes.
 
Qu’est-ce qui t’a donné envie de prendre part à cette folle aventure ?
 
Symon Welfringer : Cette histoire a commencé cet automne. On est parti avec Charles au Népal pour ouvrir une voie sur le Manaslu, un sommet à plus de 8000 mètres. On n’a pas réussi en raison des conditions qui étaient assez compliquées, et on s’est donc tout de suite projeté sur le fait de faire une belle voie cet hiver, grimper au moins quatre, cinq jours dans une face. C'était un peu le dernier gros challenge qui restait dans les Alpes. Une ligne qui raye la face nord des Jorasses, de bas en haut, quasi tout droit, ouverte dans les années 1970 et où personne n’était jamais retourné. Clovis nous a rejoints, on a chopé le créneau, on a pris 15 jours de dispo et il y a eu un anticyclone de fou donc c'était vraiment cool.
 
Quatre à cinq jours là-haut impliquent de devoir passer plusieurs nuits sur la falaise, comment as-tu dormi ?
 
SW : On savait qu'il allait faire beau et les bivouacs ne sont pas assez conforts pour installer une tente. Ce ne sont que de toutes petites plateformes, alors j’ai fait le choix de prendre un duvet plutôt léger et un NANO BIVY. La nuit, il y avait quand même pas mal de vent, donc c’était vraiment cool d’avoir l'effet coupe-vent. Je n'ai pas du tout regretté parce que même si j'ai un peu condensé, j'ai clairement eu beaucoup moins froid que si je ne l'avais pas eu avec moi.

 

 
As-tu eu des moments de doute ?
 
SW : : Je suis toujours hyper optimiste et je préfère fonctionner comme ça parce qu’au moins je tente et c'est ce qui me fait vibrer. Le plus dur était dans la partie centrale : on n'arrivait pas à trouver l'itinéraire. On a fait pas mal de variantes par rapport à l’ouverture parce qu’ils étaient passés tout droit et on devait se désolidariser de cette idée, trouver un itinéraire logique pour une hivernale. Un soir où je faisais la longueur qui nous bloquait, j’ai essayé à gauche, tout droit, à droite sans succès. Je voyais pourtant que ça fonctionnait 10 mètres plus haut. Je me suis dit « allez, vas-y », j’ai mis des bons points, j’ai fait les 10 mètres et après c’était la libération. Ça se joue à deux minutes, c’était fou parce qu’on avait tout essayé, on allait buter !
 
C'est génial ! Après un tel exploit, est-ce que tu es encore motivé par des projets de moindre envergure ?
 
SW : C'est vrai que j'ai coché quelques projets quand même, mais cette année j'ai bien repris le goût, surtout avec la saison de cascade de glace qui avait bien commencé. Il y a eu des super conditions qui m’ont bien reboosté. J’ai aussi pu ouvrir une grande voie à l’Aiguille des Pèlerins, une aiguille en face nord des aiguilles de Chamonix. Il y avait déjà énormément d'itinéraires ouverts, mais il restait une petite ligne à ouvrir donc on a ouvert ça. Après des projets, on en a encore pas mal !

 

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