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SAMAYA x JOSEPH GANDRIEAU

« LES 3 ÎLES » : L’ITINÉRANCE DU TEMPS LONG EN SOLO

 

 
Les Féroé, l’Islande et le Groenland : voici les trois îles que Joseph Gandrieau traverse à pied, à vélo, à ski et en packraft. Une itinérance sur un temps long, des climats et des terrains difficiles, parfois inhospitaliers, une résilience et une passion pour le monde extérieur en toutes conditions : voilà ce qui anime et ce que raconte Joseph.
 
L'expédition « Les 3 Îles » est un projet en trois parties, réalisé suite à ma thèse, poussé par une soif d'aventure ! La première partie s’est déroulée fin janvier 2024, m’emmenant de Strasbourg au nord du Danemark, à vélo avec une pulka greffée sur deux roues de diable. Laissant ce fidèle bolide derrière moi, j’ai ensuite traversé à pied et à skis les îles Féroé puis l'Islande.

 

 
Il m'aura fallu une dizaine de jours pour rejoindre le Danemark, 10 jours pour parcourir l'île principale des Féroé du Sud au Nord, puis 25 jours pour effectuer la traversée de l'Islande dans son axe Sud-Ouest / Nord-Est sur plus de 550km à skis. À travers cette expédition, je porte le message de l’association Rêve qui s'engage dans la réalisation des rêves d'enfants gravement malades : « un rêve peut tout changer ».
 
C'est un projet que j'ai en tête depuis longtemps, en particulier l'Islande et son environnement mythique, éloigné de tout. Les îles Féroé et le Danemark étant proches de l’Islande, unifier ce parcours par le vélo, la rando et le ski paraissait évident. C’était un gros défi, demandant beaucoup d’effort physique et de résilience, tant l’enchaînement était long.
 
Pour être honnête, en amont de l'aventure, j'avais peur du vent. Je craignais qu'il m'empêche de progresser sereinement, surtout que l'Islande est réputée pour ses belles bourrasques. Depuis une mauvaise expérience de tempête lors de ma traversée du Danube en kayak, j'ai une réelle appréhension du bivouac sous fort vent. Mais je pense que cette aventure a été le premier pas vers un regain de confiance. Je crois avoir mieux appris à y faire face, à m'en protéger, mais aussi à y renoncer... pour mieux repartir le lendemain (ou le surlendemain).

 

 
Après des jours de vélo et une traversée des mythiques Féroé, je me suis retrouvé seul face à un des plus grands défis physiques de ma vie, dans un environnement rude mais époustouflant : l'Islande en hiver. Au début, je ne ressentais aucune appréhension. Cela faisait des semaines que je pédalais et que je marchais pour me retrouver dans cet environnement rude et froid. Je n'avais qu'une hâte : chausser les skis pour traverser ce désert blanc !
 
Les conditions de vie en Islande n'avaient rien à voir avec le périple à vélo ou le trek aux Féroé. Toutes les petites choses du quotidien demandaient un effort et une énergie supplémentaires, tant mentalement que physiquement. Faire fondre la glace pour s'hydrater et manger, enrouler son duvet, installer et ranger la tente malgré les doigts gelés, creuser et construire un mur de neige chaque soir pour se protéger du vent, porter ou mettre la pulka sur roues lorsque les conditions neigeuses n'étaient plus idéales... Cette pulka, lourde de plus de 60 kilogrammes, était à la fois un cadeau, indispensable pour transporter tout le matériel et les vivres, mais également un véritable enfer lors des montées, les traversées de rivières et les portions sans neige. Ma progression n’était pas de tout repos, même lorsque les conditions météorologiques étaient clémentes.
 
Malgré ces difficultés, j’ai vécu 25 jours de rêve. 25 jours à travers une Islande merveilleuse que je voulais traverser tel que je l’ai fait. 25 jours à vivre l'Islande comme je le souhaitais vraiment : skier, galérer, découvrir, bivouaquer ! Je me répétais souvent « cette Islande et pas une autre ».

 

 
C'était encore mieux que ce que j'avais imaginé. Je suis encore sur un petit nuage quand j'y repense. Évidemment, il y a eu des imprévus, des gros moments de galères et de fatigue tout au long de ces 560 kilomètres, mais tout m’a fait vibrer. Particulièrement le moment où j'ai aperçu au loin le point d'arrivée de l'expédition : ce phare tout au Nord-Est de l'île. C'était un moment transcendant ! Je l’avais fait. J’ai regardé la carte pour voir tout le chemin parcouru. Je me souviens que cela m'a donné un sacré coup de boost pour terminer les derniers kilomètres. J'avais le sourire pour le reste de la journée !
 
Plus qu'un moment, c'est une période que je retiens particulièrement : celle de l'entrée dans ce désert blanc – les hauts pays. Plus rien à l'horizon, plus aucun bruit lorsque les skis s'arrêtent sur la neige, des paysages blancs immenses à perte de vue. « Mon désert blanc », au cœur duquel je passais mes nuits et mes jours.
 
Pour moi, sans bivouac, l'aventure n'est pas entière. Ce projet est basé sur une envie d'avancer dans la nature et de planter sa tente chaque jour. Quelle joie que de me glisser dans ma Samaya2.5 à l'abri du vent après une rude journée. La maxime de Sylvain Tesson résonnait en moi : « le seul hôtel 5 étoiles, c'est le bivouac au sec quand vous avez eu de la pluie toute la journée ». C'est une expérience merveilleuse sur laquelle se construit l'aventure ! Et elle peut même rendre les nuits loin de sa tente un peu fades en comparaison.

 

 
La fin de l'aventure était vraiment particulière. C'était à la fois une sensation d'accomplissement et une petite frustration de voir cette aventure déjà derrière moi. Malgré la fatigue, je voulais encore en découdre.
 
La suite du projet m'amènera au Groenland pour plus de deux mois d'exploration loin des villes et des chemins tracés. Je traverserai les montagnes et les fjords pour tenter d'avancer dans ces territoires vierges. Je troquerai la pulka contre le sac à dos et le packraft ! La philosophie de cette troisième île sera sans doute différente. Je ne m'y engage pas pour une traversée kilométrique... mais laissons un peu de suspens !

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