SAMAYA x FELIX RAUPACH

NORDIC LINES : COMBO ALPINISME ET PARAPENTE

 

 
Plongez dans l'aventure de Felix Raupach et Nici Burk, deux amis ayant passé 10 jours en totale autonomie dans les montagnes les plus reculées et les plus sauvages de Norvège. Pour Samaya, ils nous racontent leur épopée entre ski, alpinisme, parapente et bivouac.
 
Felix : Nous avons commencé à repérer des endroits où il serait possible d'installer notre camp de base, sur un terrain plat et loin de potentielles avalanches, tout en étant proches de belles faces à skier. Nous avons découvert Jotunheimen en Norvège, un endroit isolé, sauvage et technique. Nous avons trouvé une zone proche d'Uranostinden, au cœur d’une chaîne de montagnes parmi les plus éloignées et sauvages que la Norvège ait à offrir.
 
Nici : Il n'y avait pas beaucoup d'informations sur le ski de randonnée à cet endroit. Tous nos amis et les habitants de la région nous ont avertis que le voyage allait probablement échouer à cause du temps et de la neige. D'habitude, ces deux facteurs rendent impossible un tel voyage si tôt dans la saison printanière. Pourtant, à notre départ au 2 mars, nous avons eu l’agréable surprise d’être accueillis par une météo clémente.

 

 
Felix : Nous avons commencé à traverser le lac gelé, tirant nos 40 kilogrammes de pulkas sans encombre. Les deux premiers jours, nous ne voyions rien. Le temps était très nuageux, il y avait une sorte de grand voile blanc que nous devions traverser. À la fin du premier jour, nous avons installé rapidement notre Samaya ASSAUT2 ULTRA dans laquelle nous avons passé une première nuit confortable et reposante. Le deuxième jour, les choses se sont corsées : la visibilité était mauvaise et j'ai fini par dévaler une corniche d'un mètre avec la pulka. Ce n'était ni profond ni dangereux, mais cela a ajouté un peu de piment à l’aventure. Plus tard dans la journée, à moins d'un kilomètre de notre camp de base, le terrain est devenu plus escarpé et soudain, ma pulka a glissé, s’entortillant avant moi au bout. Je ne pouvais plus bouger et j'ai dû attendre que Nici m'aide à sortir de là.
 
Nici : J'ai rejoint Felix, restant calme et essayant de régler la situation en m'assurant que ni Felix ni la pulka ne commencent à glisser. Nous avons descendu les pulkas en rappel jusqu'à un terrain plus plat à l'aide d’un ancrage de neige fabriqué avec nos skis. Nous avons finalement atteint notre camp de base, aplani le terrain pour installer notre bivouac et après avoir monté la tente par un temps orageux, nous étions heureux de nous installer dans ce qui serait notre maison pour les 10 prochains jours. Nous avons préparé un peu à manger et le sommeil nous a très vite gagnés.
 
Felix : Quelques jours plus tard, nous avons eu la surprise de voir pour la première fois le ciel d’un bleu parfait, en glissant nos têtes hors de la tente un matin.
 
Nici : Nous nous sommes retrouvés complètement ébahis par l'environnement qui nous entourait et que l’on pouvait véritablement voir pour la première fois. Ce fut le coup de foudre.

 

 
Felix : Ce jour-là, nous nous sommes dirigés vers Uranostinden S1, le brouillard refaisant peu à peu surface lorsque nous traversions la ligne de crête. Puis, le brouillard s’est dissipé pour nous laisser profiter d’une vue imprenable sur l’ensemble du massif. Nous n’en croyions pas nos yeux. Le paysage était si beau, si isolé. Partout où nous regardions, il n'y avait que de la nature pure et brute nichée dans un environnement totalement sauvage. Nous avons déchaussé et avons commencé à grimper des sections plus raides de rochers dans la neige gelée typique de la Norvège. Proches du sommet, des amas de neige nous surplombaient, nous empêchant de franchir les derniers mètres. Le rocher sous nos pieds était instable, rendant impossible la sécurisation des longueurs plus engagées. Nous avons fait demi-tour et avons profité d'une belle descente à skis dans la poudreuse jusqu'au glacier. Nous ne voulions pas en rester là et avons atteint le sommet de Langeskalvtinden, culminant à 2014 mètres, offrant une vue panoramique saisissante. Après avoir profité de ces instants uniques, nous avons skié la face sous les couleurs flamboyantes du coucher du soleil. Pour fêter dignement cette journée, nous avons préparé un repas en 3 plats, au chaud dans notre tente 5 étoiles.

 

 
Nici : Entre ces grandes sorties, nous profitions de journées de repos, si l'on peut les appeler ainsi tant nous étions toujours sur nos skis et en mouvement. Au sixième jour, après un excellent petit-déjeuner, nous nous sommes lancés dans une randonnée à ski, avec une idée qui trottait dans le coin de nos têtes depuis notre arrivée : décoller en parapente sur ces sommets vierges. Arrivés au sommet, le vent soufflait dans la mauvaise direction. Optimistes et patients, nous avons pris le temps de faire une pause et d'observer l'évolution de la situation. Non loin du sommet, nous avons trouvé un bon endroit pour décoller et pendant que nous nous préparions, le vent a tourné et s’est mis à souffler dans une direction parfaite, avec une vitesse idéale.

 

 
Felix : J'ai décollé. En un instant, mes skis ne touchaient plus la neige, j’étais léger, aspiré dans l’air ambiant. La vue sur les montagnes environnantes était indescriptible. J’avais le souffle coupé. C’était l'un des plus beaux instants de ma vie. Voir les montagnes au coucher du soleil, si loin de toute civilisation, était d'une beauté incroyable. Le fait que ce soit la réalité était et est toujours difficile à croire. J'ai atterri sur le lac gelé que nous avions traversé le premier jour et Nici m'a rapidement rejoint. Nous avons replié nos parapentes dans les derniers rayons de soleil et sommes retournés au camp de base. Pendant que nous cuisinions, j'ai reconnu une lumière verte à l'horizon : une aurore boréale commençait à se former. Elles se sont intensifiées pour se transformer en un spectacle grandiose de près de deux heures. Les aurores boréales entouraient Uranostinden, auxquelles se sont ajoutés le ciel nocturne clair et la voie lactée, rendant l'expérience encore plus spectaculaire.

 

 
Nici : Après cette nuit superbe et apaisante, nous avons essayé de trouver un moyen d'atteindre le sommet de Falketind, l'une des montagnes les plus remarquables de toute la région. Un peu plus au sud, il y avait une paroi rocheuse et neigeuse abrupte où nous avons imaginé un itinéraire. Il nous faudrait utiliser les piolets et certains passages se feraient en drytooling.
 
Felix : L'orientation était délicate sur cette immense face. La neige était assez friable et rendait notre progression difficile. Nous progressions lentement mais sûrement jusqu'à être bloqués par un énorme rocher. J'ai essayé de le contourner, mais la glace était à peine gelée sur le rocher et se brisait à chaque fois que j'essayais d’y placer mes piolets. Nous n'avons trouvé aucune opportunité pour sécuriser une longueur, alors nous avons pris la décision de faire demi-tour et de désescalader toute la face. Une fois le glacier atteint, nous avons pu chausser nos skis et profiter de cette descente avec la magnifique face ouest du Falketind dans le dos.

 

 
Nici : Le lendemain, nous avons fait une nouvelle tentative. Nous avons atteint le sommet de Stølsnostinden à 2074 mètres et avons continué sur l'étroite ligne de crête en direction de Falketind. La visibilité s'est rapidement dégradée et la fin de l'après-midi approchait : la descente s'annonçait difficile. Nous avons décidé de ne pas viser le sommet. Nous sommes à nouveau descendus sur le glacier, avons enfilé nos skis et avons navigué dans un épais brouillard blanc. Heureux d'être sortis de ce terrain inhospitalier et de retrouver plus de lumière, nous avons entamé notre retour vers le camp de base, à encore 2 heures de marche.
 
Felix : Nous avons pris un jour de repos, puis nous avons commencé à manquer de gaz. Nous avons donc pris la décision de retourner à la civilisation, tristes de laisser derrière nous ces paysages, les expériences que nous avons vécues et les émotions que nous avons partagées, mais heureux et reconnaissants d'avoir eu autant de chance avec la météo, les bons moments passés ensemble et tous les enseignements que nous avons pu en tirer.

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