SAMAYA x SYMON WELFRINGER

OUVERTURE DANS LA FACE SUD DE BAINTHA KABATA

 

 
En juin 2023, Symon Welfringer, Matteo Della Bordella et Silvan Schupbach se lancent dans un projet d’ouverture de voie à l’Ogre, au Pakistan, préparé de longs mois en amont. Les conditions météorologiques rendant trop dangereuse l’opération, les trois alpinistes s’adaptent et se tournent vers la face sud de Baintha Kabata, inexplorée.
 
« Ce glacier est vraiment dément.
 
C’est un endroit où il y a déjà eu des expéditions, mais ça faisait 15 ou 20 ans que personne n’y était venu. On est partis fin juin au Pakistan pour rejoindre le Toy Glacier. On a passé quatre, cinq jours avec des mules et des porteurs pour amener tout notre matériel pour les 40 jours de camp de base. On avait prévu de rester assez longtemps parce qu’il y avait une première phase d’acclimatation, de repérage des lieux, pour ensuite pouvoir faire plusieurs tentatives pour notre projet.
 
C’était un endroit assez sauvage, on était entourés de montagnes assez dingues, avec des 7000 mètres impressionnants quasiment tout autour de nous.
 
Pour l’acclimatation, on prenait les skis, on remontait le glacier et on faisait plusieurs nuits sur des sommets jusqu’à 6000 mètres, d’où on pouvait redescendre à skis. On profitait de passer aux pieds de la face sud-est de l'Ogre pour y déposer un peu de matériel, avec l'idée de retourner la semaine suivante pour faire un premier essai.
 
Après cette phase, il y a eu pas mal de mauvais temps. On a dû attendre une bonne semaine au camp de base. Ce n’était pas si terrible, parce qu’on avait accès à des petits blocs et des voies. On avait amené des spits, donc on a pu équiper des bouts de mur et même ouvrir une grande voie de 400 mètres avec François Cazanelli.
 
On a finalement eu un premier créneau météo qui se dessinait. On est partis dans la face et au deuxième jour de grimpe il s'est mis à faire hyper mauvais dans la nuit. Ce n’était vraiment pas prévu. Le créneau de beau temps était censé durer 5 journées au moins et on s’est retrouvés avec 30 centimètres de neige dans la nuit.
 
On a essayé d’attendre, mais on s’est rendu compte que ça devenait beaucoup trop dangereux. Si on continuait, on n’aurait plus la possibilité de faire demi-tour ensuite. On est rentrés en laissant tout le matériel derrière nous, en gardant en tête l’idée d’y retourner.
 
Les deux semaines suivantes, on s'est retrouvés dans une sorte de mousson bloquée sur le Pakistan et qui amenait énormément de neige.
 
On a quand même fait une deuxième tentative, avec un bout de créneau, tout en sachant que c’était un peu bancal. Au bout de la première journée, on a dû faire demi-tour. On est remontés chercher notre équipement, ça ne marchait pas.

 

Photo 1Photo 2
 
A ce moment-là, on a commencé à penser à une autre montagne.
 
De l’Ogre, on voyait le Baintha Kabata à 6290 mètres. Beaucoup moins haut que celui sur lequel on était, mais avec un mur qui semblait hyper intéressant à grimper. Avec Silvan et Matteo, on voulait tenter le coup dans une voie sur sa face sud.
 
Un créneau de deux jours et demi se profilait, on s’est lancés. On a parcouru 16 kilomètres à skis pour atteindre le fond du glacier, au pied de la face. On a dormi une première fois au pied de la face, puis on a fait un bivouac vers 6000 mètres, aux deux tiers de la face, avant d’attaquer la partie la plus raide. Ensuite, on est redescendu en 25 rappels jusqu'à l'arrivée. On a réussi à ouvrir la voie en deux journées. Elle fait 1000 mètres, avec des longueurs vraiment cool, de la grimpe hyper technique, en chaussons ou en mixte.

 

 
On a appelé cette voie « The Alien Wall », parce qu’un soir de mauvais temps au camp de base, on apercevait des sortes de frontales, des lumières au loin alors qu’il n’y avait pas d’alpiniste à cet endroit et que c’était impossible de grimper. On s’est dit qu’il s’agissait d’extraterrestres.
 
Tout simplement. »

 

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