Samaya x Benjamin de Molliens
800 KM ET 49 000 M DE DÉNIVELÉ POSITIF EN SOLO
De son arrivée à la COP26 à Glasgow en voilier à ses expéditions triple zéros (0 déchet, 0 matériel neuf et 0 empreinte carbone), Benjamin de Molliens est connu pour ses aventures sportives en plein air et son engagement écologique. Pour Samaya, il revient sur sa dernière expédition.
Ta traversée de la Suisse s’inscrit dans un projet plus grand, basé sur le voyage à impact carbone le plus neutre possible. En quoi consiste tout cela ?
Benjamin de Molliens : Dans le cadre de mon projet « Expédition 0 », je suis parti traverser la Suisse avec une Samaya OPTI1.5, de la frontière française à la frontière autrichienne, sur tout le mois de juillet 2023. L'Expédition 0, ce sont des aventures sportives itinérantes, principalement en solo, pour lesquelles j’essaye de respecter autant que possible les principes écologiques que je m'impose : produire zéro déchet, ne pas acheter de matériel neuf et avoir l’empreinte carbone la plus basse possible. Je me sers de ces aventures sportives en pleine nature, de l'émerveillement qu’elles procurent, pour capter l'attention des gens et les sensibiliser à tous ces sujets.
En partant aussi longtemps, tu as besoin de matériel adéquat. Comment s’intègre la gestion de ton équipement dans ta réflexion ?
BM : Pour l’équipement, je m’impose une règle qui consiste à ne jamais acheter de matériel neuf. Je recherche du matériel de qualité, très technique, en passant notamment par la location, système qui se développe énormément.
Quel parcours souhaitais-tu réaliser ?
BM : Je suis parti et revenu de chez moi, à Marseille, en train. Pour ce qui est de la partie à pied, j’ai démarré à Saint Gingolph au bord du lac Léman, sur le chemin des cols alpins, jusqu’à Saint-Maurice. D’après mes mesures, j’ai parcouru 815 km et 49 000 mètres de dénivelé positif sur 26 jours en autonomie de couchage et en me ravitaillant tous les deux jours dans des villages. En faisant ce parcours, je voulais montrer que nous n’avons pas besoin d’aller très loin pour être dépaysé. J’étais dans un pays juste à côté du mien où une partie parlait français, une autre italien et la dernière allemand. C’était chouette de voir l'approche de la montagne, les traditions, l’architecture qui variaient en fonction des régions.
Sur un mois de trajet, tu as dû faire face à certaines difficultés, qu’elles relèvent de problématiques physiques ou de conditions extérieures. Comment les appréhendes-tu ?
BM : Effectivement. Je pense particulièrement au moment où je suis passé d’un état de grande forme à un état maladif. Les 10 premiers jours s’étaient très bien passés, je marchais bien, 38 kilomètres en moyenne, mon corps fonctionnait bien. J’ai des amis qui m’ont rejoint pour faire un documentaire sur un laps de temps très court. Le rythme est devenu très intense, ça m'a demandé énormément d’énergie, je me suis mis beaucoup de pression, je ne m’alimentais plus correctement. Le jour où on s'est arrêté et où le groupe a pu prendre son train de retour, je suis tombé dans les pommes, en même temps que la pression redescendait. Je me suis réveillé avec une dame qui tenait mes jambes en l’air, j’étais totalement fiévreux et malade, c’était lunaire. Au lieu de lever le pied, je poursuivais mon chemin chaque jour, maintenant la fièvre. J’ai fini par arriver au niveau d’une vallée et je me suis arrêté dans un petit refuge pour trouver du doliprane. Un habitant du coin, me voyant dans cet état, m’a emmené au village plus bas pour que je puisse me reposer. C’était le jour de la Fête Nationale Suisse et une fois que j’allais mieux, je me suis joint aux festivités. Je me suis retrouvé au milieu de 300 Suisses, à manger de la polenta dans une grange et à chanter des chansons paillardes. C’était magique.
Une fois remis sur pied, tu es parti à l’assaut d’un beau sommet. Le mauvais temps ne t’a pas arrêté ?
BM : Effectivement, l’aventure touchait à sa fin et je souhaitais atteindre un 3000 mètres. Un peu de mauvais temps était annoncé mais je me suis quand même lancé. Je me suis retrouvé au cœur d’une énorme tempête de neige, en basket de trail en short, à la frontale. Ce n’était pas terrible. Je suis tombé sur une ferme d'alpage. Un couple m’a ouvert, a halluciné de me voir ici, à cette heure-là, dans cette tenue. Après une merveilleuse soirée à refaire le monde tous ensemble, j’ai poursuivi ma route le lendemain, dans la tempête pour une longue partie de la journée. J’ai fini cette aventure sur un magnifique sommet à 3000 mètres, avec une très belle course d'arête.
Quand tu ne dormais pas chez l’habitant, tu étais bien au chaud sous ta tente ?
BM : Exactement ! J’ai dormi au total quinze nuits sous la Samaya OPTI1.5. Elle était hyper facile à monter. Une fois que je plantais les sardines dans les quatre angles, je n’avais plus qu’à bien tendre les haubans avec les bâtons, c’était très intuitif. Un ami m’a rejoint et on a pu passer la tente dans sa configuration avec l’auvent ouvert grâce à la deuxième paire de bâtons, c’était top. J’ai eu quelques nuits avec de la grosse pluie. J'hallucine encore qu'une tente aussi légère soit autant imperméable.